jeudi 25 mars 2010

L'Université de Lausanne enseignera-t-elle l'islam. Pour un projet de Fondation. A. BENANI

L'Université de Lausanne enseignera-t-elle l'islam ?



C'est tout un symbole. La communauté musulmane inaugure ce matin sa nouvelle mosquée lausannoise, dans le quartier sous gare. Bien accueillie par ses voisins, la construction s'érige en exemple d'un processus d'intégration culturelle maîtrisé. La présence harmonieuse dans le paysage d'un vaste lieu de culte en est un aspect essentiel. Mais ce n'est pas le seul. Une bonne compréhension de ce qui «fait» l'islam et son peuple est aussi nécessaire - un programme national de recherche (PNR 58) s'y intéresse d'ailleurs de près.

L'enseignement de l'islam comme discipline académique a-t-il sa place en terre protestante ? Et sous quelle forme ? Certains s'étonnent que le «troisième monothéisme» ne soit pas déjà présent à l'Université de Lausanne, aux côtés du christianisme et du judaïsme. Font exception, un cours d'introduction et des enseignements prodigués à Genève.

A l'aube d'une vaste réorganisation des facultés de théologie de Lausanne, de Genève et de Neuchâtel, la question mérite d'être posée. «Elle n'est toutefois pas prioritaire», estime Dominique Arlettaz, recteur de l'UNIL, qui veut construire la structure avant d'en définir les profils.

Pourtant, dans les couloirs, le principe d'une chaire dédiée à l'islam semble acquis. Mais pour en imaginer le cahier des charges, deux approches s'opposent: une réduction du «phénomène» de l'islam à des données statistiques en lien avec les sociétés contemporaines ou une formation plus ample, historique et religieuse, qui l'étudierait du Coran à nos jours. «Il faut trouver l'équilibre et le moyen d'intégrer toutes les dimensions philosophiques, esthétiques et littéraires de cette culture, estime Ahmed Benani, politologue, ancien chargé de cours à l'université de Lausanne. Seule une véritable chaire d'islamologie pourrait englober une telle diversité.»

Pierre Gisel, professeur de théologie systématique et auteur d'un livre sur les monothéismes, va dans le même sens, estimant que cette religion doit être intégrée dans un concept général «d'étude du fait religieux». Et avance une mise en garde: «Si aucune réflexion sur les dimensions religieuses et théologiques n'est donnée à l'université, d'autres s'en chargeront.»

Source: Emmanuel Barraud, 24 Heures - jeudi 13 novembre 2008

Projet soumis à discussion pour la constitution en 2010 d’une fondation. Merci de faire circuler le texte et d’envoyer vos commentaires à Ahmed BENANI : ahmed.benani@citycable.ch

Fondation suisse d’études, de recherches et de savoirs sur les espaces islamiques dans le monde

Les espaces de l’islam « mondialisé » sont profondément marqués par une crise dont la complexité et les formes ne sont pas toujours identifiables ou identifiées. Les approches culturalistes, essentialistes, géostratégiques ou géopolitiques d’aujourd’hui peinent à rendre compte de l’ampleur de cette crise et de son enracinement historique et transcivilisationnel. De plus en plus d’intellectuels de chercheurs, d’acteurs et de citoyens souhaitent revisiter les différents espaces musulmans, comprendre leur bigarrure ethnoculturelle, repenser les « chocs » endogènes et exogènes des islams, réinterroger, à partir de nouvelles grilles des sciences « humaines » et des sciences « exactes », les concepts de « tradition » et de « modernité ».

Il ne manque pas d’acteurs ou de penseurs qui ne souhaitent une sortie de la crise par des réformes culturelles et religieuses, une refonte ou mutation des systèmes politiques ou de gouvernance autoritariste. Dépasser ou surmonter la crise passe pour eux par un retour à l’humanisme islamique qui habite encore leur imaginaire.
La Fondation suisse d’études, de recherches et de savoirs sur les espaces musulmans dans le monde que nous voulons établir a pour vocation première de réunir toutes celles et tous ceux qui pensent que la frontière, d’une civilisation à l’autre, d’une culture à l’autre, est perméable, historiquement indéfinie et indéfinissable. La fondation pense qu’il est nécessaire de formuler autrement le débat sur l’universalisme et le relativisme culturel, aujourd’hui plus que jamais focalisé sur l’héritage des Lumières. Les initiateurs de la Fondation inscrivent leur démarche dans la perspective d’un continuum. Il est possible, selon nous, de réhabiliter ou de dépoussiérer des conceptions de l’universel qui ont vu le jour en dehors de « L’Occident »; de même qu’il nous semble fécond d’intégrer à notre démarche le rapport d’autres cultures à l’universalisme. La problématique de l’occidentalisation est à nos yeux caduc. Il y a un croisement, une interpénétration des espaces de l’islam et ceux de l’Europe ancienne ou post-Lumières qui montrent bien que le ressourcement multiforme (politique, culturel, économique, humaniste ? spirituel ? éthique ?) postulés par les intellectuels des espaces de l’islam n’est pas en rupture définitive avec l’héritage de ce qu’on désigne abusivement par Occident.
Dans la mondialisation que nous vivons depuis la fin du XXe siècle, les tensions culturelles, les conflits armés ne sont pas imputables au seul Islam, la « crise » de ce dernier ne s’explique pas par l’approche caricaturale et/ou candide de l’émergence récurrente des radicalismes religieux ou néo-fondamentalistes islamiques et leur passage au « terrorisme » et à l’Ouest. Il n’y a pas plus de bloc islamique des ténèbres qu’il n’y a de bloc occidental avec ses armées de pentecôtistes ou de missionnaires évangélistes d’une chrétienté re-conquérante ou hégémoniste.
La peur, les hantises que suscitent le mot Islam sont des productions de l’imaginaire social qui enferme l’islam dans un monolithisme de type totalitaire, un autre territoire, une altérité forcément invasive et menaçante pour le reste du monde.

Notre fondation se veut un lieu de réflexion sur les mutations plutôt qu’un centre où se décideraient les transformations des espaces musulmans, nous voulons en faire, non un lieu pour spécialistes pointus ou « néo-orientalistes » en vogue, mais un espace de liberté ouvert à tous les questionnements. Un de ses objectifs premiers est l’élaboration d’une charte ou plateforme pour le lancement d'initiatives concrètes et innovantes, pensées et travaillées par les différents acteurs suisses et internationaux académiques et sociopolitiques, civils et religieux, publics et privés intéressés par les espaces islamiques dans le monde. La fondation est de par sa nature, un pôle d'attraction pour de nombreuses compétences, dans l’esprit de la Genève Internationale, un lieu d'excellence des savoirs, et un creuset où les disciplines se croisent, les idées se confrontent pour mieux se propager.

Le siège de la Fondation est à Genève (éventuellement à Lausanne) car nous pensons que la Suisse offre les qualités requises pour abriter nos activités. La liberté d'expression et de conscience garanties de notre existence sont des valeurs fondamentales de ce pays.
L’engagement de Genève en matière de bons offices, de médiation en droit humanitaire, sa neutralité de soft power et de multilatéralisme et sa réputation éthique font d'elle l’endroit idéal pour notre fondation.
Genève a été le cœur de la réforme du christianisme, il n’est pas impensable qu’elle devienne un des lieux qui puisse donner toute sa place à un islam de la pensée.
Le professeur Mohamed Arkoun déclarait dans cet esprit que nous partageons : « Que vaut notre discours d’intellectuels dans l’entrechoc des imaginaires musulman et européen ? L’Occident est bien trop fasciné par l’intégrisme pour s’apercevoir qu’il existe des cartésiens en Islam. Et, du côté musulman, les extrémistes nous déclarent hors la loi ! ».

Les activités de la Fondation s'articuleront autour de trois axes principaux : l'observation, la recherche et la diffusion.
Observer, c’est saisir et collecter ce qui nous interpelle dans les espaces islamiques pour construire une déontologie des savoirs et du dialogue.
La recherche est centrée sur l’ouverture à tous les domaines de l’impensé par l’investissement de tous les champs de la connaissance. Elle est par nature multidisciplinaire. Elle interconnecte les domaines des sciences humaines, interroge le théologique, le sacré et le profane et fonde une nouvelle anthropologie des espaces de l’islam. L’observation et la recherche englobent également les domaines scientifiques, économiques, politiques et organisationnels.
La Fondation sera en mesure de répondre aux besoins des chercheurs, des acteurs, des décideurs et des concepteurs en leur fournissant les outils et les méthodes adéquats et mis à jour pour comprendre non seulement les codes du sacré mais aussi les questions de ressources humaines et économiques, ainsi que les stratégies et enjeux de développement.
La Fondation est appelée enfin à diffuser les savoirs acquis, les savoirs faire en publiant mais surtout en organisant séminaires et conférences, en collaborant très étroitement avec les milieux académiques en Suisse et dans le reste du monde, en établissant des liens et une coopération étroite avec les instituts travaillant aussi bien à l’échelle du macro que du micro islamique.
Ainsi la Fondation sera en mesure d’œuvrer dans la durée en favorisant deux pistes hélicoïdales, l’islamologie théorique et appliquée d’une part, les sciences organisationnelles d’autre part.
La Fondation sera en mesure de fournir non seulement des indices tels que ceux de la bonne gouvernance, d'efficacité économique et de "readiness" à la nouvelle société ou économie de connaissance, que des approches cognitives et articulées aux conditions critiques de production des savoirs dans les espaces islamiques. Les indices produits constitueront entre autre une sorte d'écran radar pour les espaces islamiques.

Dr. Ahmed BENANI
Politologue
2, chemin de Lucinge
1006 Lausanne ahmed.benani@citycable.ch





Fondation suisse d’études, de recherches et de savoirs sur les espaces islamiques dans le monde


1. INTRODUCTION

Les espaces de l’islam sont aujourd’hui profondément marqués par une crise dont la complexité et les formes ne sont pas toujours clairement identifiées. Les analyses peinent à rendre compte de son ampleur et de son enracinement historique et transcivilisationnel. Nombreux sont les acteurs et penseurs qui souhaitent une sortie de cette crise par des réformes culturelles et religieuses, ainsi qu’une refonte des systèmes politiques et de gouvernance, en se référant notamment à un islam humaniste.

Dans cette perspective, les signataires proposent l’établissement d’une fondation en Suisse qui étudierait les interactions entre espaces islamiques et occidentaux dans leur dimension mondialisée.



2. OBJECTIFS

Pour ce faire, la Fondation se fixe les objectifs suivants :

- ouvrir un espace de libertés à la pensée innovante et à des initiatives concrètes,
- établir un pôle d’excellence des compétences internationales et des savoirs pluridisciplinaires,
- créer des liens entre les divers acteurs politiques, économiques, académiques, civils et religieux, suisses et internationaux.



3. POURQUOI EN SUISSE ?

La Suisse, et Genève en particulier, offrent le cadre idéal pour implanter cette Fondation principalement en raison de sa tradition de respect et de promotion des droits humains.



4. ACTIVITES DE LA FONDATION

Les activités de la Fondation s’articulent autour de trois axes principaux : l’observation, la recherche et la formation. Ces trois axes se complètent et fournissent un cadre cohérent pour appréhender la réalité des crises de l’islam mondialisé.

a. Observation
- saisir et collecter des données et des savoirs rassemblés dans un portail électronique accessible à tous
- analyser et classer ces données et établir une série d’indicateurs tels que l’efficacité économique, la bonne gouvernance, le degré d’insertion sociale, …

b. Recherche
La Fondation s’attache à former des groupes de recherche pluridisciplinaires afin de susciter des synergies entre les sciences théologiques et humaines (philosophie, anthropologie, sociologie, histoire, linguistique, …), les sciences organisationnelles (théorie des systèmes complexes, théorie des réseaux, science de la décision, …) et les sciences du marché (économie, finance, …) dans un esprit de liberté académique et offrant les conditions cadres de la rigueur intellectuelle et de la déontologie professionnelle.



c. Formation
Dans le but de soutenir les efforts de recherches de la Fondation pour répondre aux besoins des chercheurs, des acteurs et des décideurs, la formation peut offrir le programme suivant :

- cours post-grades et formation continue,
- programmes de maîtrise ou de doctorat,
- conférences, congrès scientifiques, séminaires, tables rondes, forums de discussion, accompagnés de publications.


Ces activités permettent d’augmenter la visibilité internationale et la crédibilité académique de la Fondation et de concrétiser son influence sur le devenir des espaces de l’islam.

Les travaux de la Fondation investiront tous les champs de la connaissance. Cependant, la sélection des problématiques, des projets de recherche et des programmes de formation se fera sur une base compétitive. Ainsi, toute proposition soumise sera examinée par un comité scientifique qui jugera de sa pertinence scientifique et de son adéquation avec les orientations de la Fondation, ainsi que par un comité économique qui évaluera son utilité et sa faisabilité financière.



5. ORGANISATION

Durant cette phase préparatoire, le comité de lancement se charge des tâches suivantes :

- choix de la forme juridique de la Fondation
- rédaction d’une charte constitutive
- réunir un comité de conseillers
- réunir un comité d’honneur
- recherche de fonds, dans le respect du principe de la pluralité des sources de financement afin de garantir l’indépendance de la Fondation
- planifier une unité administrative







Ahmed BENANI
2, ch. De lucinge
Tél. : 00 41 21 311 39 55
00 41 78 676 38 45
E-Mail : ahmed.benani@citycable.ch

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